Inauguration du square Michel de CAMARET (11-10-2024)

Inauguration du square Michel de CAMARET (11-10-2024)

Discours de Monsieur le Maire Philippe de Beauregard à retrouver ci-dessous :

« Mesdames, Messieurs, chers élus, chers amis,

Permettez-moi de remercier comme je le fais en préambule avant chaque discours, les personnalités suivantes pour leur présence :

- Madame Marie-France LORHO, députée de la 4ème circonscription de Vaucluse,

- Madame Bénédicte AUZANOT, députée de la 2ème circonscription de Vaucluse,

- Monsieur Hervé de LEPINAU, député de la 3ème circonscription de Vaucluse,

- Mesdames Danielle BRUN et Florelle NOUGUIER, conseillères départementales de Vaucluse,

- Monsieur Jean-Claude OBER et Nicolas HUMBERT, conseillers départementaux de Vaucluse,

- Monsieur Julien MERLE, Président de la CCAOP et Maire de Sérignan-du-Comtat,

- Madame Isabelle DALADIER-MARTIN, maire de Travaillan,

- Le Lieutenant Didier LECCHI, en représentation du Commandant JALABERT du SDIS Vaucluse.

 

Et je salue tout particulièrement la présence de Monsieur Jacques de CAMARET et du Colonel Patrice de CAMARET, tous deux neveux de Michel de CAMARET.

Nous sommes réunis ce soir afin d'inaugurer un nouveau square, que nous sommes heureux d'avoir aménagé ces derniers mois. En effet, depuis de nombreuses années, cet espace situé derrière la belle porte du Ravelin, était laissé à l'abandon et voué à subir les caprices du temps. La municipalité a racheté ce lieu pour le mettre en valeur, et grâce au formidable travail des services techniques, du service des espaces verts et de nos élus, Elvire TEOCCHI, Hervé AURIACH et Raymond KARASZI, que je remercie chaleureusement, voilà un joli site pour tous les Camarétois.

Comme vous le savez, nous avons à cœur de préserver, de restaurer et d'embellir ce précieux patrimoine que nos anciens nous ont légués. Aux côtés du Ravelin, de la Tour Sarrazine et de l'église Saint Andéol, ce square trouve parfaitement sa place dans le cœur du village. Comme vous pouvez le voir, l'identité de Camaret est représentée sur le portail en fer forgé. Vous allez découvrir à l'intérieur une petite tonnelle également en fer forgé. Si vous regardez bien, des grappes de raisin et des pommes de pin y sont représentées, évoquant notre terroir viticole et notre Provence. Nous espérons que d'ici l'année prochaine les rosiers grimpants couvriront l'ensemble de cette structure. Un banc, une table et des fauteuils en pierre vous permettront de profiter de cet espace en famille ou entre amis. Une petite fontaine provençale se trouve sur la gauche et de nombreux végétaux peu gourmands en eau ont été plantés afin de mettre un peu de verdure au milieu de ces vieilles pierres.

Alors naturellement, il fallait trouver un nom à ce square. J'ai donc proposé au Conseil municipal de le dénommer « Michel de CAMARET », et ce choix a été approuvé par les élus à l’unanimité des votants.

Mais qui était « Michel de CAMARET » ? Michel de CAMARET, issu d’une grande famille du comtat Venaissin, a été un héros de la Résistance pendant la seconde Guerre mondiale. S’en est suivi une brillante carrière de diplomate à travers le monde, puis un mandat de parlementaire européen. Alors que nous avons célébré le 80ème anniversaire de la Libération de Camaret en août dernier, cette inauguration s'inscrit dans la continuité du devoir de mémoire et d'hommage à tous ceux qui se sont battus pour la liberté et l’indépendance de la France.

Alors certains ont voulu politiser cette dénomination. Pas nous. Les mêmes ont tenté de susciter une petite polémique, en dénonçant l’appartenance de Michel de CAMARET à l’Action Française. Là, je réponds à l’officine d’extrême-gauche qui est derrière tout ça : heureusement que parmi les tout premiers résistants de 1940, il y avait de très nombreux nationalistes, nationaux et patriotes ! Quelques exemples :

- Marie-Madeleine FOURCADE, fondatrice du réseau Alliance,

- François de la ROCQUE, fondateur des Croix-de-Feu, arrêté par la Gestapo et mort en déportation,

- Honoré d’ESTIENNE d’ORVES, martyr de la Résistance, compagnon de la Libération,

- Henri FRENAY, fondateur de Combat,

- Georges LOUSTAUNAU-LACAU, chef du réseau Alliance,

- Le Colonel REMY, l’un des résistants français les plus connus, sympathisant de l’Action Française et qui a participé aux émeutes du 6 février 1934,

- Pierre de BENOUVILLE, ancien des Camelots du Roi, membre du Comité Directeur des Mouvements Unis de la Résistance,

- ou Henri d’ASTIER de la VIGERIE, militant de l’Action Française, fondateur du réseau Orion, Compagnon de la Libération.

 

La liste n’est pas exhaustive. Toutes ces personnalités, ces héros français, n’auraient pas droit à un hommage uniquement parce qu’ils n’avaient pas les bonnes opinions politiques ?

Né le 18 janvier 1915 à Vienne, Michel de CAMARET est diplômé de l'Ecole des Sciences Politiques, c'est un ancien de l'Ecole de cavalerie de Saumur et un sous-lieutenant de chars au début de la Seconde Guerre mondiale. Suite à une blessure, il est démobilisé et décide de rejoindre la Résistance et la France libre. Aux côtés de Pierre de BENOUVILLE, il se rend à Vichy et y rencontre, le colonel GROUSSARD, inspecteur général des services de la Sûreté nationale. Ce dernier organise et conduit des groupes destinés à combattre l'occupant nazi.

En décembre 1940, les hommes des groupes de protection du colonel GROUSSARD qui, quelques jours plus tôt, ont participé à l'arrestation de Pierre LAVAL et de ses collaborateurs, sont recherchés par la police. Caché à Paris pendant quelque temps, Michel de CAMARET, avec BENOUVILLE, passe en zone libre et s'installe à Nice, puis à Marseille en janvier 1941 avant de rejoindre clandestinement l'Algérie. Il est ensuite arrêté et interné politique pour complot contre la sûreté de l'Etat. Il s'évade d'Algérie le 12 juillet 1942 et rejoint Londres. Engagé volontaire dans les Forces françaises de l’intérieur, il sert ensuite dans les commandos parachutistes.

Commencent alors pour lui plusieurs années de combat au service de la France. Chef de mission, il réussit avec quatre hommes, un sabotage particulièrement délicat en faisant dérailler un train gardé par les Allemands en Bretagne. Il rejoint la base du maquis de Saint-Marcel dans le Morbihan et se bat avec une bravoure extraordinaire lorsque le camp est attaqué. Blessé par deux fois par balle dans l’affrontement, et avec un bras cassé, il refuse de cesser le combat.

Remis de ses blessures, il organise, entraine et galvanise un bataillon FFI du Morbihan qui, sous ses ordres, réalise un excellent travail de sabotage et de harcèlement des troupes d'occupation nazies. Dans le Nivernais, en septembre 1944, il est l’un des éléments les plus actifs, et son action amène la reddition de plusieurs milliers d'Allemands.

Son engagement dans la Résistance, notamment dans le maquis de Saint Marcel, est révélateur du courage qui le caractérisait.

Plus tard, il est parachuté en Hollande avec son unité devenue le 2ème Régiment de Chasseurs Parachutistes, et ne cesse de harceler les garnisons et convois ennemis. Des documents trouvés sur les Allemands établissent qu'ils estimaient à 800 hommes, le groupe de Michel de CAMARET qui n’en comptait en réalité que 20 ! En liaison avec des unités canadiennes, il participe à une série d'attaques. Il reçoit pour son action les félicitations enthousiastes du commandement canadien.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il est fait « Compagnon de la Libération » par le Général de GAULLE et entre ensuite dans une brillante carrière diplomatique. Il est deuxième secrétaire d'ambassade à Rio de Janeiro. En septembre 1945, il interrompt cette activité pour faire partie du corps expéditionnaire d'Indochine (1948-1950). Il est ensuite conseiller diplomatique à Madagascar, secrétaire des affaires étrangères, puis membre de la commission permanente auprès de l'ONU.

Devenu en 1964, consul général à Tanger, il occupe ensuite divers postes avant d'être nommé, en 1967, chef de la section des affaires générales à la division des affaires politiques de l'OTAN, et en 1968, représentant permanent de la France auprès du Conseil de l'Europe avec rang d'ambassadeur.

Consul général à Sao-Paulo à la fin de 1972, il achève sa carrière diplomatique comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en Birmanie.

Le 17 juin 1984, il est élu député européen. Commandeur de la Légion d'Honneur, il décède le 24 juin 1987 à Neuilly-sur-Seine. Il était titulaire de la Croix de Guerre 39/45 avec 7 citations, de la croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures, de la médaille des Evadés, de la Military Cross et de la croix de guerre des Pays-Bas.

Au-delà du héros, du résistant, du combattant, Michel de CAMARET était d'une humilité, d'une pudeur et d'une gentillesse qui sont celles des grands hommes. Il était de ceux qui ont œuvré pour l'intérêt de la France à l'intérieur comme à l'extérieur, sans jamais rien attendre en retour.

Alors, je vais maintenant demander à Jacques de CAMARET et au colonel Patrice de CAMARET, de bien vouloir s'approcher afin de dévoiler, ensemble, cette plaque qui a été posée en l'honneur de leur oncle. Je les inviterai ensuite à m'accompagner pour couper le ruban tricolore. »