Hommage à Léon Marlot, jeune Français fusillé le 23 juillet 1918
Mairie
25 novembre 2024
À l'occasion du 106ème anniversaire de l'Armistice du 11 novembre 1918 que nous avons commémoré au cimetière de Camaret, une lettre d'adieu émouvante a été lue par l'aviateur Hugo Ancelyn aux côtés de Pascal Gill, président du CATM Camaret - Travaillan.
Cette lettre avait été écrite par Léon Marlot, jeune Français de 17 ans qui a versé son sang, offert sa jeunesse et sa vie pour servir son pays. Cette lettre a été envoyée à sa famille. Léon Marlot était le grand-oncle de Jean-Michel Marlot, adjoint aux sports de la Ville de Camaret-sur-Aygues.
« Très cher Papa, très chère Maman,
Chers Frères et chères Soeurs.
Vous dire la douleur horrible qui trouble mon âme en ce moment, m'est impossible ; mon être entier frémit et frissonne ! Oh ! Très chère maman, console-toi, tant d'hommes meurent en ce moment ; console-toi de la mienne. Oh bien chère maman, oui, vois-tu, je vais mourir ; ce soir à 8 heures, je ne serai plus de ce monde ; oui, j'aurai quitté cette terre de larmes et de gémissements pour lui rendre compte de ma vie, hélas ! Si courte. Oh ! Maman, pardonne-moi les peines que je t'ai causées par mes inconduites et mon indocilité ; je vous demande aussi pardon, chers frères et sœurs du mal que j'ai pu vous faire et du mauvais exemple que j'ai pu vous montrer.
Soyez toujours bons, généreux, pieux et vertueux surtout, car la vie ici-bas n'est qu'un passage, vous le voyez par moi-même ; aussi soyez toujours chrétiens. Remettez-vous entièrement de votre vie entre les mains de Dieu, faites sa sainte volonté ; soumettez-vous-y et vous gagnerez le ciel.
Soyez certains que je prierai beaucoup pour vous là-haut, particulièrement pour toi, chère mère et aussi pour papa ; dites-lui que je lui demande pardon aussi pour les fautes et les peines que je lui ai causées, dites-lui que j'étais décidé à mener une vie toute autre que je n'avais menée jusqu'ici ; je m'aurais consacré entièrement à votre bonheur terrestre et surtout éternel.
Oh ! Maman, je te prie de redoubler d'affection pour mes frères que je n'ai pu, hélas ! Revoir une dernière fois. J'ai pensé à toute la famille et notamment à mon cher père qui s'est exposé pour la patrie : en retour, priez souvent pour le repos de mon âme.
Je meurs content, victime de mon dévouement patriotique et réconforté d'ailleurs par la Sainte Communion.
Votre très affectionné fils et frère. »
La citation ci-dessous lui fut décernée.
Le Maréchal, Commandant en chef les Armées du Nord et de l'Est, cite à l'ordre de l'Armée :
« MARLOT Léon de Roubaix,
Jeune Français, âgé de 17 ans.
Alors que les Allemands voulaient le forcer à travailler à leurs lignes de la région de Lens, a tenté de s'évader vers les lignes alliées, emportant le plan de nombreux dépôts de munitions ennemis qu'il avait relevés.
Pris au cours de sa tentative d'évasion, jugé par un tribunal militaire, a été fusillé à Tournai, le 23 juillet 1918.
A refusé d'avoir les yeux bandés, est tombé en criant :
Vive la France ! »